TINTIN

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Dans cette première aventure, Tintin est envoyé comme reporter du Petit Vingtième en Russie. Dès le début, le Guépéou le considère comme une menace et tente de l'éliminer. Entre ses exploits, Tintin trouve le moyen de dénoncer le régime soviétique, dans le pur esprit de la Belgique de l'époque. Il revient finalement à Bruxelles, accueilli en héros. 

Publié en 1930 à très peu d'exemplaires, cet album fut pendant longtemps un objet de collection que seuls les plus fortunés pouvaient se procurer. Pour en savoir plus sur les éditions pirates, consultez la section « Ramó Nash et associés »... La principale source d'information de Hergé pour cette aventure fut le livre Moscou sans voiles, dont il adapta des scènes entières, dont celle de l'élection. 

Cette fois-ci, Tintin est envoyé au Congo, la grande colonie belge de l'époque. Une suite de péripéties l'amènent au royaume des Babaoro'm, où il devient le sorcier attitré. Par un jeu de circonstances, il se retrouve confronté à une bande de gangsters affiliés à Al Capone, qui veut contrôler la production de diamants au Congo. Naturellement, il réussit à les arrêter et quitte le Congo peu après, nous apprenant sa prochaine destination: l'Amérique. 

La première version en noir et blanc fut publiée en 1931. L'album fut redessiné en couleurs en 1946, Hergé en profitant pour enlever certains détails un peu trop colonialistes. Cependant, l'album connut un période de disgrâce durant de longues années et ce n'est que vers 1970 que l'on commença à le retrouver plus fréquemment sur les tablettes. 

Après l'intermède imposé du Congo, Hergé envoie enfin son héros en Amérique. Arrivé à Chicago, il est immédiatement ravi par les gangsters d'Al Capone, qui le considère comme dangereux. Après avoir réussi à les arrêter, il s'attaque à Bobby Smiles, le chef d'une bande rivale. La poursuite amène Tintin chez les « Peaux-Rouges » que Bobby Smiles a tournés contre lui. Toujours vainqueur, Tintin arraisonne le criminel et revient à Chicago. Une fois de plus, il doit combattre d'autres gangsters, que pour mieux en triompher. Il quitte le pays après un défilé dans la rue bien digne des Américains. 

Tintin en Amérique fut publié en noir et blanc en 1932, et fut redessiné en couleurs en 1945. Lorsque vint le temps de la publication aux États-Unis, en 1973, les éditeurs imposèrent à Hergé l'élimination de certains éléments « non conformes ». C'est ainsi que les personnages noirs (p.1 A2, p.29 D1, p. 47 D2) se retrouvent d'un genre assez flou ou tout simplement blancs, révélant l'atmosphère toujours raciste des États-Unis de l'époque.

Tintin est en croisière à destination de l'Extrême-Orient. À bord, il rencontre un égyptologue farfelu, Philémon Siclone, à la recherche du tombeau du pharaon Kih-Oskh. Tintin accepte de l'accompagner. Dans le tombeau, Tintin découvre de mystérieux cigares mais est enlevé. Abandonné en mer, il est sauvé et débarqué en Arabie. De là, après plusieurs péripéties, il aboutit en Inde chez le maharadjah de Rawajpoutalah. Il s'attaque alors au trafic de l'opium et démantèle le gang de trafiquants dirigé par Rastapopoulos. À la fin, il découvre que les cigares contenaient l'opium en question. 

La première version des Cigares du pharaon fut publiée en 1934. La mise en couleurs se fit quant à elle en 1955 seulement, soit neuf ans après celle du Lotus bleu... À part l'élimination de certaines scènes et le mise en page modifiée, les deux versions sont assez semblables.

Sans être une suite formelle, Le Lotus bleu est plutôt un récit complémentaire aux Cigares du pharaon. Un messager venu de Chine vient rencontrer Tintin à Rawajpoutalah mais il est touché par un fléchette empoisonée au radjaïdjah, le poison qui rend fou. Il n'a que le temps de prononcer « Mitsuhirato ». Tintin part le rencontrer, mais subit divers attentats ratés. Ayant été convaincu de rentrer en Inde, il est enlevé par Wang Jen-Ghié, un vieil homme qui combat le trafic de l'opium. Suite à un attentat, le Japon envahit la Chine et Tintin est pris dans le conflit. Entre temps, il sauve la vie de Tchang Tchong-Jen, un jeune chinois qui devient son ami. Finalement, il réussi à arrêter pour de bon le gang de Rastapopoulos, à guérir le fils de Wang de sa folie et à faire adopter Tchang par celui-ci. C'est avec une larme que Tintin les quitte pour l'Europe... 

Publié en 1936, Le Lotus bleu est sans doute l'album de Tintin le plus près de l'actualité de l'époque. En effet, Hergé y fait clairement allusion à l'invasion japonaise, ne modifiant que quelques noms. C'est aussi le premier album démontrant un vrai souci de réalisme, Hergé ayant reçu l'aide de Tchang Tchong-Jen, jeune étudiant en art qui lui avait été référé. Une profonde amitié lia les deux hommes et Hergé l'inclut dans son récit. L'édition en couleurs que nous connaissons date de 1946.

Un fétiche arumbaya a été volé au Musée ethnographique: Tintin entreprend son enquête. En remontant les pistes, il retrouve deux hommes intéressés au même fétiche. Ceux-ci partent pour le San Theodoros, république d'Amérique du Sud. Tintin les poursuit là-bas et se retrouve au coeur d'une révolution. Par un jeu du hasard, il devient aide de camp du général Alcazar. Une guerre éclate entre le San Theodoros et son voisin, le Nuevo Rico; Tintin, poursuivi par tous, fuit chez les Arumbayas. Il y découvre enfin le secret du fétiche: celui-ci contient un précieux diamant. C'est finalement en Europe qu'il retrouvera le fétiche et le rendra au musée. 

Cette aventure de Tintin sortit en album en 1937 et fut mise en couleurs en 1943. Encore un fois, Hergé y glisse des allusions à l'actualité mondiale. La guerre San Theodoros - Nuevo Rico pour le pétrole est une transposition de la guerre du Gran Chaco, qui opposa le Paraguay et la Bolivie durant les années trente.

Ayant voulu aider un avion en difficulté, Tintin se fait tirer dessus. Il entreprend de remonter la piste de ses assaillants en Angleterre. Les indices le conduisent chez un certain Dr Müller. Après avoir réussi à lui échapper, Tintin le poursuit jusqu'en Écosse. Il y retrouve sa trace sur l'île Noire, réputée comme étant le repère de « la Bête ». Tintin s'y rend quand même et y découvre le quartier général de la bande: Müller et ses comparses sont des faux-monnayeurs. Tintin finit par les coincer et révéler la vraie nature de la bête: un gorille. 

La première version de L'Île noire date de 1938, et c'est en 1943 qu'eut lieu l'édition en couleurs. En 1965, Hergé redessina entièrement l'album à la demande de ses éditeurs anglais qui jugeaient la représentation de la Grande-Bretagne non conforme à la réalité. On peut remarquer un certain déséquilibre entre le dessin moderne et Tintin qui est toujours celui des années trente.

Tintin rencontre le professeur Halambique, sigillographe, qui doit se rendre en Syldavie; il accepte de l'accompagner comme secrétaire. Dans l'avion, il remarque le comportement bizarre du professeur mais il est éjecté de l'appareil. Miraculeusement sauvé, Tintin apprend l'existence d'un complot contre le roi et se rend à Klow pour le prévenir: son sceptre, qu'il doit absolument présenter au public le jour de la St-Wladimir pour régner, sera volé. Malgré toutes les mesures de sécurité, le vol a lieu et Tintin enquête. Il découvre alors la vraie nature du complot: la Bordurie, ennemi voisin, envahira la Syldavie suite aux troubles causés par la chute du roi. Tintin retrouve le sceptre et déjoue les manoeuvres bordures. Le vrai professeur Halambique est libéré et le roi décore Tintin. 

De l'aveu même d'Hergé, Le Sceptre d'Ottokar est le récit d'un Anschluss raté. Le sujet était brûlant d'actualité à l'époque, puisque l'album est sorti en 1939, peu avant le début de la Deuxième Guerre mondiale. L'album fut redessiné en couleurs en 1947 et Hergé et son collaborateur Edgar P. Jacobs en profitèrent pour balkaniser les décors et les costumes.

Tintin découvre une mystérieuse boîte de conserve qui l'amène à s'intéresser à un trafic de fausse monnaie. Faisant enquête, il est emprisonné dans un navire, le Karaboudjan. Il découvre que l'équipage trafique l'opium et rencontre le capitaine Haddock, prisonnier de son alcoolisme et de son lieutenant Allan. Tintin et Haddock s'enfuient et aboutissent au Maroc. Là-bas, Tintin s'y emploie à démasquer les trafiquants. Ceux-ci sont finalement arrêtés et le capitaine entre pour de bon dans la famille des Aventures de Tintin... 

La Belgique étant occupée, Hergé dut se contenter de sujets neutres. Il publia cet album en 1941, qui fut par la suite réédité en couleurs en 1943. Tout comme pour Tintin en Amérique, Hergé fut contraint d'y modifier certains personnages sous la pression des éditeurs américains. Il en est notamment ainsi aux cases p. 17A2 et p. 53D2. Aussi, les scènes où Haddock boit du rhum furent modifiée de façon à ce qu'on ne le voie pas goulot à la bouche (p. 19BC et 25A3-4), dans le but de ne pas choquer la conscience des jeunes américains

Tintin, intrigué par l'apparition d'une nouvelle étoile, se rend à l'observatoire. Il y rencontre le professeur Calys qui lui révèle la nature de cet astre: c'est une gigantesque météorite se dirigeant vers la Terre pour y causer la fin du monde. Heureusement, la météorite évite la Terre mais un fragment tombe dans l'océan Arctique. Calys y découvre la présence d'un élément inconnu et il organise une expédition avec Tintin et Haddock. Malgré les tentatives d'un bateau concurrent de les arrêter, ils parviennent les premiers à l'aérolithe et Tintin en prend possession. Le nouvel élément présente des particularités étranges: tout grandit démesurément à son contact... L'aérolithe s'enfonce dans l'océan mais Tintin s'en échappe en sauvant un échantillon du précieux minerai. Mission accomplie et retour en Europe... 

L'Étoile mystérieuse fut le premier album publié directement en couleur, en 1942. De légères modifications auront lieu en 1954: les concurrents ne battront plus pavillon américain mais celui plus discret du Sao Rico. Aussi, le nom du financier Blumenstein deviendra Bohlwinkel, sous la pression de certaines âmes plus ou moins bien pensantes qui y voyaient un certain racisme

Tintin achète un modèle réduit de bateau pour le capitaine Haddock. Par coïncidence, c'est le modèle de celui que commandait son ancêtre, le chevalier de Hadoque. Tintin découvre dans le grand mât du bateau un parchemin incompréhensible. Entre temps, Haddock a découvert un coffre contenant les objets ayant appartenu à son ancêtre. Tintin et lui apprennent l'existence d'un trésor et décident de se lancer à sa recherche. Le modèle est volé et Tintin apprend que deux autres répliques du navire existent. Remontant les pistes, il retrouve les voleurs: les frères Loiseau, vivant au château de Moulinsart. Il les coffre et récupère les autres parchemins chez un pick-pocket. Les trois parchemins réunis, il ne reste plus qu'à partir chercher le trésor... 

Cette aventure fut publiée en 1943 et n'a depuis pas subi de changements. Étant forcé de publier par strip quotidien, Hergé y développa sa technique narrative qui menera à des chefs-d'oeuvre comme L'Affaire Tournesol et Les Bijoux de la Castafiore

Cette album constitue la suite de l'aventure amorcée dans Le Secret de la Licorne. Cette fois-ci, Tintin, Haddock, les Dupondt et le professeur Tournesol, nouveau venu dans la série, partent à la recherche du trésor. Ils retrouvent bien l'île où vécut le chevalier de Hadoque, mais nulle trace du trésor. Ils découvrent cependant l'épave de la Licorne et de vieux parchemins. Une fois revenu en Europe, Tournesol annonce sa découverte: les parchemins révèlent que le château de Moulinsart fut donné au chevalier de Hadoque par le roi Louis XIV. Haddock en prend donc possession. Finalement, le trésor est retrouvé dans les caves du château... 

Le Trésor de Rackham le Rouge fut publié en 1944. Cet album et Le Secret de la Licorne sont les deux aventures de Tintin les plus vendues dans le monde

De retour d'Amérique du Sud, les membres d'une expédition consacrée aux Incas sont victimes d'un mystérieux mal et sont plongés dans une profonde léthargie. Chaque fois, on retrouve des éclats de petites boules de cristal. Tintin, Haddock et Tournesol se rendent chez le professeur Bergamotte, le dernier membre encore indemne et ami d'enfance de Tournesol. Bergamotte est victime de la malédiction et Tournesol est enlevé après s'être paré du bracelet de la momie rapportée du Pérou par Bergamotte. Tintin et Haddock se lancent à sa recherche et partent bientôt pour l'Amérique du Sud. 

Bien que la parution des 7 boules de cristal ait commencé en 1943-44 dans le journal Le Soir, ce n'est qu'en 1946 que le récit fut terminé puis publié en album, en 1948. À la libération, Hergé avait été accusé injustement de « kollaboration » et ses travaux furent interrompus durant quelques temps jusqu'à la création du journal Tintin en 1946. Hergé profita d'ailleurs de cette période pour mettre en couleurs les albums d'avant-guerre.

L'aventure amorcée dans Les 7 boules de cristal se poursuit ici. Arrivés au Pérou, Tintin et Haddock retrouvent Tournesol à bord du cargo Pachacamac, mais les ravisseurs réussissent à leur échapper. En suivant leurs traces, Tintin apprend l'existence d'un mystérieux temple du soleil, dernière retraite de la civilisation inca. Ils entreprennent donc le voyage en compagnie de Zorrino, un jeune indien quechua. Après avoir traversé les Andes et la jungle, ils aboutissent finalement au temple. Ils apprennent que Tournesol a commis un sacrilège en se parant du bracelet et qu'il sera sacrifié, tout comme eux... Grâce aux jeux du hasard et des éclipses, les trois compagnons sont miraculeusement sauvés et quittent le temple en promettant de ne jamais en révéler l'existence... 

Ce récit fut le premier a être entièrement publié dans le journal Tintin. Hergé y testa une nouvelle mise en page à l'italienne, ce qui fit que lors de la mise en album en 1949, certaines séquences furent supprimées et certaines cases redessinées.

Des rumeurs de guerre se font persistantes et de l'essence falsifiée envahit le marché. Tintin part faire son enquête au Moyen-Orient. Il se retrouve au Khemed où une lutte de pouvoir oppose l'émir Ben Kalish Ezab au cheik Bab El Ehr, chacun financé par une compagnie de pétrole différente. Tintin retrouve le docteur Müller, devenu agent de la Skoil, alliée avec Bab El Ehr. Ce dernier enlève le fils de l'émir, Abdallah, pour le forcer à chasser la compagnie Arabex du territoire. Tintin déjoue ses plans et découvre sur lui le produit qui falsifiait l'essence. 

Au pays de l'or noir est un album à part dans les aventures de Tintin. Normalement, il aurait dû suivre Le Sceptre d'Ottokar mais la guerre (les rumeurs étaient donc vraies...) vint interrompre le travail d'Hergé et ce n'est qu'en 1948 qu'il reprit ce récit. La première version en couleurs sortit donc en 1950. En 1971, à la demande de ses éditeurs anglais, Hergé modifia certains éléments de l'histoire trop près de l'actualité de 1948. Ainsi, les luttes entre terroristes juifs et arabes pour le contrôle de la Palestine se transforment en lutte de pouvoir, les policiers anglais sont arabisés et Haïfa devient la plus discrète Khemkhâh

De retour de voyage, Tintin et Haddock apprennent que Tournesol est parti pour la Syldavie et leur demande de venir l'y rejoindre. Rendus à destination, une base de recherches atomiques tapie au coeur des montagnes, Tournesol les informe. Il a été engagé pour mener des recherches sur une fusée lunaire à moteur atomique, il l'a conçue et s'apprête à partir pour la Lune avec eux. Bien malgré eux, Tintin et Haddock acceptent de l'accompagner. Cependant, de mystérieux concurrents tentent de saboter leur plan. La fusée d'essai est détournée, une tentative de vol des plans a lieu etc. Malgré tout, le projet avance et un bon soir, la fusée décolle vers son objectif: la Lune... 

Objectif Lune sortit en album en 1953, soit 4 ans avant le lancement de Spoutnik, le premier satellite artificiel. Qui a dit qu'Hergé n'était pas un visionnaire?

Le récit se poursuit au point ou il était laissé dans Objectif Lune. Après quelques minutes de peur au lancement, tout semble bien se passer et la fusée se dirige vers la Lune. Cependant, il y a une surprise de taille: les deux Dupondt se sont trompés d'heure et ont pris place à bord, ce qui force Tournesol à réduire la durée du voyage. Le périple se déroule sans trop de problèmes et la fusée se pose sans encombre. Les appareils sont installés et Tournesol s'adonne à ses recherches. Durant l'une des expéditions, Tintin reste à bord. À ce moment, Jorgen (alias le colonel Boris) sort de sa cachette et se prépare à partir avec la fusée. Tintin réussit à l'arrêter à la dernière minute. Avec un autre passager de plus, la fusée décolle vers la Terre, les réserves d'oxygène étant loin d'être suffisantes. Jorgen est tué dans une altercation et Wolff, l'assistant de Tournesol, pris de remors pour sa complicité avec Jorgen, se sacrifie dans l'espoir de sauver le reste de l'équipage. Finalement, la fusée arrive à bon port. 

Ce deuxième volet de l'aventure lunaire fut publié en 1954. Comme le dira Hergé, c'était là l'exotisme absolu. Dans les albums qui suivront, il utilisera plutôt l'univers qu'il a créé, dans une phase « domestique » dont le point culminant sera Les Bijoux de la Castafiore

Tournesol vient de mettre au point une nouvelle arme terrible utilisant les ultra-sons. En voyage en Suisse pour un congrès, il se fait enlever par les Bordures qui veulent obtenir son invention. Tintin et Haddock s'y rendent pour le retrouver. Alors qu'ils sont sur le point de le libérer, il se fait enlever par des espions syldaves. Leur avion est intercepté et Tournesol est recapturé par la Bordurie. Tintin et Haddock s'envolent donc pour Szohôd, capitale bordure. Avec l'aide de la Castafiore, ils s'emparent des papiers du général Sponsz, chef de la police, qui leur permettront de libérer Tournesol. Cela est fait et après un course vers la frontière, ils sont de retour à Moulinsart où Tournesol détruit ses plans. 

Publié en 1956, L'Affaire Tournesol voit la réapparition de la rivalité Syldavie - Bordurie. Cette fois-ci, elle incarne l'opposition des blocs communistes et capitalistes, alors en pleine guerre froide. Cet album est aussi considéré comme le chef-d'oeuvre technique d'Hergé.

Par hasard, Tintin et Haddock rencontrent le général Alcazar. En tentant de le retrouver, ils découvrent un mystérieux trafic d'armes. D'autre part, l'émir Ben Kalish Ezab, en difficulté dans son pays, envoie son fils Abdallah à Moulinsart. Ne pouvant le supporter, Tintin et Haddock décident de venir en aide à l'émir. Ils le retrouvent et celui-ci leur explique la situation: Bab El Ehr est financé par le marquis di Gorgonzola, riche armateur qui lui fournit des armes et des avions. En tentant de quitter la place, Tintin et Haddock sont naufragés et recueillis par le navire de di Gorgonzola, qui est en fait Rastapopoulos. Ils sont transférés sur un autre cargo, commandé par Allan. Ils réussissent à en prendre le contrôle et découvrent que Rastapopoulos s'adonne à la traite des esclaves. Le navire de Rastapopoulos est par la suite arraisonné mais le brigand réussit à s'enfuir. 

Coke en stock parut en album en 1958. Suite à certaines accusations de racisme (contre un album dénonçant l'esclavage...), Hergé modifiera les dialogues des Noirs pour qu'ils parlent comme dans les romans traduits de l'américain. Cet album est le joyau d'Hergé du point de vue du retour des personnages. On y retrouve successivement Alcazar, Dawson, Bab El Ehr, Ben Kalish Ezab, Abdallah, Oliviera da Figueira, Müller, Bianca Castafiore, Rastapopoulos et Allan.

En vacances dans les Alpes, Tintin reçoit une lettre de Tchang dans laquelle il lui annonce sa prochaine visite. Le lendemain, le journal annonce l'écrasement de l'avion dans lequel il prenait place, dans l'Himalaya. Suite à cette annonce, Tintin fait un rêve où il voit Tchang vivant, l'appelant au secours. Il décide de partir à sa recherche, accompagné d'Haddock. C'est ainsi qu'ils retrouvent l'épave, mais point de traces de Tchang. Tintin trouve alors une grotte où il a gravé son nom, ce qui prouve qu'il est vivant. Après avoir été accueillis dans une lamasserie et reçu la vision d'un moine, ils se rendent à l'endroit indiqué et retrouvent Tchang, qui avait été recueilli par le yéti. 

Publié en 1960, Tintin au Tibet est sans aucun doute l'album le plus personnel d'Hergé, et aussi celui où Tintin est le plus humain. Il faut dire qu'à l'époque, Hergé venait de divorcer et traversait une profonde crise de conscience. En particulier, tous les rêves qu'il faisait étaient en blanc. Cette période de questionnement a donc profondément marqué l'album

Tout va pour le mieux à Moulinsart, sauf l'escalier dont une marche est cassée. Une lettre de la Castafiore annonce son arrivée. Sur le point de partir, Haddock se fait une entorse, ce qui le force à rester et affronter la tempête musicale. Accompagnée de sa camériste Irma et de son pianiste Igor Wagner, Bianca s'installe au château. Bientôt suivent une horde de journalistes qui ne tardent pas à inventer une rumeur de mariage entre elle et Haddock. Survient alors le vol de son émeraude. Les Dupondt enquêtent et portent leurs accusations: Nestor, puis Irma, les Tziganes... Finalement, l'émeraude sera retrouvée... dans le nid d'une pie. 

Cet album, publié en 1963, est certainement l'oeuvre la plus accomplie d'Hergé. Il y ridiculise son propre univers puisque contrairement à l'habitude, les héros ne vont pas face aux problèmes mais les problèmes viennent à eux. Ils ne suivent pas une piste précise, mais une multitude qui ne mènent à rien. Même les médias, utilisés d'habitude pour « prouver » des faits, commencent à inventer. Tout s'embrouille pour mieux tromper le lecteur. C'est bien là le sommet de l'art d'Hergé

En route pour un congrès d'astronautique à Sydney, Tintin, Haddock et Tournesol retrouvent Szut, pilote qu'ils avaient connu dans Coke en Stock. Il leur présente Laszlo Carreidas, un constructeur d'avion milliardaire qui se rend comme eux à Sydney. Il leur propose de les y amener à bord de son tout nouveau jet. Cependant, l'avion est détourné vers une île indonésienne par nul autre que... Rastapopoulos et son complice Allan, qui désirent obtenir l'accès au compte suisse de Carreidas. Nos héros réussissent à s'échapper et libèrent Carreidas. Ils se réfugient dans un temple où ils rencontrent Mik Ezdanitoff, un « initié » qui leur apprend la vraie nature du temple: un endroit visité par les extra-terrestres depuis des millénaires. Rastapopoulos, en voulant forcer l'entrée du temple, provoque l'éruption du volcan. Finalement, tous sont sauvés par la « soucoupe ». Quant à Rastapopoulos et Allan, Dieu seul sait où ils se retrouvent... 

Sorti en 1968, Vol 714 pour Sydney se voulait un certain retour à l'aventure. Pourtant, Hergé y continue la redéfinition de son univers, mais cette fois-ci, c'est aux « méchants » qu'il s'attaque, les rendant parfaitement ridicules. Cependant, sans s'en rendre compte, ce sont les bases mêmes de son Âœuvre qu'il ébrèche

Lors d'un voyage au San Theodoros, la Castafiore et les Dupondt sont arrêtés par le régime du général Tapioca, sous prétexte d'un complot dont Haddock serait à la tête. Après quelques télégrammes d'insultes, Haddock et Tournesol acceptent de se rendre à Tapiocapolis pour discuter avec le général, sans Tintin... Peu à peu, ils découvrent que l'invitation était un piège. C'est alors que Tintin les rejoint... Une fausse tentative d'évasion orchestrée par Tapioca échoue et Tintin, Haddock et Tournesol réussissent à fuir avec le général Alcazar. Le seul obstacle à sa révolution est l'alcoolisme de ses troupes. Heureusement, Tournesol a inventé un médicament et l'a testé sur Haddock, avec des résultats plus que concluants... Les rebelles sont guéris et, grâce à l'arrivée providentielle de Lampion et de ses Turlurons, ils font la révolution en passant inaperçus au milieu du carnaval. La Castafiore et les Dupondt sont libérés et Alcazar une fois de plus au pouvoir... 

Lors de sa parution en 1976, les Picaros eurent un énorme succès auprès du public, mais l'accueil de la critique fut plutôt mitigé. Il est vrai que l'univers tintinesque commence à s'y décomposer. La « ligne claire » n'est plus ce qu'elle était, les personnages non plus... Si Tintin ne veut plus partir, si Haddock n'aime plus le whisky, que reste-t-il à raconter?

Haddock, suivant les conseils de la Castafiore, achète un oeuvre de Ramo Nash, créateur de "l'Alph-Art": un H en plexiglas. Peu après, le propriétaire de la galerie d'art, M. Fourcart, est mystérieusement assassiné. Tintin enquête et découvre bientôt un trafic de faux tableaux étroitement lié avec une étrange secte à laquelle la Castafiore a adhéré. En tentant d'en percer le secret, Tintin est pris et la dernière case nous le montre, conduit vers le lieu où il sera coulé en statue abstraite... 

Cette ultime aventure n'ayant jamais été terminée et Hergé ayant demandé que son oeuvre ne soit pas poursuivie par un autre, on ne peut pas la considérer comme un Tintin à part entière. De plus, si l'on se réfère à la préparation des Picaros, elle aurait sûrement subi de nombreux changements. Quoi qu'il en soit, l'intérêt du double cahier publié en 1986 n'est pas tant l'histoire elle-même que le témoignage du processus de création d'Hergé, qui semble s'effectuer sous nos yeux. C'est pourquoi l'Alph-Art « (n') est (pas) une aventure de Tintin »...

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Livre rare Le premier film, Le mystère de la Toison d'or, date de 1961. Un vieil ami de Haddock, Témistocle Paparanic, meurt en lui léguant son navire la « Toison d'or ». À Istambul, il découvre que ce n'est qu'une coquille de noix dans un état plus que lamentable. Pourtant, un certain Anton Karabine lui offre 600.000 livres en échange du navire. Intrigués par tant d'intérêt, Tintin et Haddock suivent les pistes pour apprendre que des années auparavant, Paparanic et son équipage avaient fait un coup d'État au Tétaragua, en Amérique latine, et avaient occupé le pouvoir pendant trois jours. Chassés du pays, Paparanic s'enfuit avec l'or de la banque centrale. Le trésor sera finalement retrouvé... à bord du navire, les barres recouvertes de peinture noire formant le bastingage.
Livre rare Le second long métrage, Tintin et les oranges bleues, fut quant à lui tourné en 1964. Tournesol vient de publier un livre sur la faim dans le monde et lance un appel aux savants du monde pour l'aider à la combattre. Son confrère espagnol, Antémar Zallaméa, lui expédie un paquet contenant une orange bleue, variété qui pourrait croître sur un sol désertique. Tournesol part en Espagne retrouver Zallaméa, mais les deux hommes sont enlevés. Avec l'aide d'une bande d'enfants, Tintin et Haddock libèrent les deux savants, séquestrés par un émir voulant s'approprier la découverte.
En 1972 sortit le deuxième long métrage animé de Tintin, Tintin et le lac aux requins. Pour éviter les pièges de l'adaptation d'un album, le film se fonda sur un scénario original de Greg. L'histoire se déroule presque entièrement en Syldavie. Tournesol vient d'inventer une sorte de photocopieur en trois dimensions, capable de reproduire n'importe quel objet. Rastapopoulos a accumulé des oeuvres d'art volées dans son repère englouti sous les eaux du lac et tente de s'emparer de l'appareil. Avec l'aide de Niko et Nouchka, deux jeunes Syldaves, Tintin réussira à déjouer ses plans. Du film sera tiré une adaptation en bande dessinées. Encore une fois, le résultat fut assez peu convaincant. On est loin du style d'Hergé et du charme des albums

Très beau livre
C'est l'histoire d'un reporter-aventurier coiffé d'une houppette et accompagné d'un petit chien blanc… C'est entendu : on ne présente plus Tintin, figure essentielle du neuvième Art et creuset de l'imaginaire de plusieurs générations. En revanche, il n'est jamais inutile de rappeler la genèse de ses aventures et les conditions dans lesquelles son créateur, Hergé, leur a donné naissance. 

C'est la tâche à laquelle se consacre Michael Farr, lui aussi journaliste, ancien correspondant de l'agence Reuters et amateur passionné de la saga de Tintin. Tout au long de cet ouvrage abondamment illustré, il retrace les circonstances qui ont entouré la création de chacun des vingt-quatre albums réalisés par Hergé. Le contexte historique, les influences, l'évolution du graphisme et du style, l'accueil réservé à chaque épisode, les doutes et les interrogations de l'auteur… Autant de thèmes abordés et disséqués afin d'apporter un éclairage sur les circonstances qui ont entouré l'élaboration de l'œuvre. En contrepoint des vignettes extraites des albums, l'auteur fait figurer les photographies et les sources illustrées dont Hergé s'est constamment inspiré. Et rappelle ainsi que le souci d'exactitude et de véracité compte pour beaucoup dans la fascination exercée par Tintin. Car son créateur s'appuyait sur une documentation abondante, seule garante à ses yeux de la crédibilité de son héros. Cet ouvrage offre une synthèse vivante des informations disponibles sur un personnage au charme inépuisable, dont le succès jamais démenti n'est pas près de s'éteindre malgré la disparition d'Hergé en 1983. Un livre de chevet aussi utile au voyageur imaginaire que les pantalons de golf le sont à Tintin

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